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Fleur et Bleue racontent… Decarnation
Découvrez les secrets de conception de la BO de Decarnation, qui emprunte au genre parfois désuet de la pop française pour donner corps à ce formidable thriller psychologique.
Bienvenue à celles et ceux qui veulent toujours plus de VGM dans leur boîte mail. Il faut dire qu’il n’y en a jamais assez. Tenez, moi je reçois rarement de la musique de jeux vidéo par courriel. Qu’est-ce que ça fait au juste ?
Figurez-vous que je pense beaucoup à ce format depuis quelques mois. Je pense que j’aimerais le faire évoluer, notamment pour mieux mettre en valeur les formidables artistes qui m’accordent leur confiance chaque mois dans les interviews.
J’ai plusieurs idées qui, potentiellement, impliqueraient d’aménager différemment les rubriques de la newsletter principale et de celle-ci. Peut-être faire déménager le récap des sorties vinyles dans les Faces-B ? J’y pense. Dites moi ce que vous aimeriez voir davantage (ou en moins) dans la newsletter !
Trêve de bavardages : j’ai l’immense honneur ce mois-ci de recevoir Fleur et Bleue, le duo responsable des superbes chansons pop du jeu d’horreur psychologique Decarnation 🌸
Fleur et Bleue racontent… Decarnation
Vous l'imaginez, je veux savoir comment vous vous êtes retrouvés à travailler sur Decarnation. Dites-moi tout !
Nathan (Fleur) : C’est une histoire marrante qui a commencé au premier confinement. Bleue (Clémence) jouait de temps en temps du Ukulélé et chantait à son balcon, et il se trouve que Quentin [De Beukelaer, ndlr] (le créateur de Decarnation) habitait dans sa rue, à la fenêtre d’en face !
Clémence (Bleue) : On est alors devenus amis, et quelques temps plus tard, Quentin m’a proposé de faire la musique pour un jeu qu’il était en train de créer… Decarnation. Comme je composais déjà avec Fleur (Nathan), on s’est dit qu’on ne serait pas trop de deux pour relever ce défi !
Est-ce que l'équipe d'Atelier QDB vous a donné des directives musicales ou vous avez eu carte blanche ? Autrement dit, est-ce que cet album aurait pu exister sans Decarnation, ou est-ce que les chansons sont indissociables de l'univers du jeu ?
Nathan (Fleur) : Ça dépend des titres ! Globalement, on avait une ligne directrice pour tous les titres : qu’ils sonnent tous pré-90s, car l’aventure se déroule dans les années 90.
Certains titres avaient des directives plus précises car on savait pour quelle scène du jeu ils étaient destinés. Par exemple, pour Boketto on nous a demandé une influence "City pop japonaise". Avec Lizzy et Marco et Petit bout de toi, on devait coller avec les années yéyé et les chansons rétro françaises pour que ça corresponde au cabaret où danse l'héroïne du jeu, le SWAN ! Et pour la scène de nightclub des années 80 à la fin du jeu, on a créé sur mesure Génération Palmier.
Pour les autres titres, les critères étaient moins précis, mais pour certains, nous avons été grandement influencés par certaines références. Par exemple, Orfèvre de la nuit est très largement inspiré des tubes d’Indochine des années 80. Plus largement, nous pensons que certains titres auraient pu exister sans le jeu, mais ça nous a forcé à développer notre imagination et notre écoute de cet univers particulier qu’est l’esthétique des années 60, 70 et 80.
Vous êtes un groupe tout jeune, et Decarnation est en réalité votre tout premier album (EP ?). Est-ce que vous considérez votre travail sur la BO du jeu comme la première étape de votre carrière musicale, ou est-ce déjà quelque chose d'à part dans votre discographie ?
Clémence (Bleue) :Alors un peu des deux ! Nous avions déjà composé de nombreux titres avant de travailler sur Decarnation. Mais avec les délais de la sortie du jeu, ces titres ne sont pas encore sortis. C’est une première étape dans le sens où c’est un premier pas vers un public que l’on ne connaît pas. Mais artistiquement, nous avions déjà un peu cultivé cette esthétique rétro dans les autres titres. Néanmoins, les titres pour Decarnation ne seront jamais vraiment à part, car il y a des pépites qu’on ne voudra jamais dissocier de notre travail !
Est-ce que vous êtes ouverts pour retravailler sur des bandes originales, ou maintenant la priorité c'est vraiment votre carrière d'artistes pop ?
Évidemment si on nous propose de faire une collaboration sur un autre projet de jeu vidéo, on accepterai avec plaisir. On adore composer et on adore aussi la rencontre humaine que cela crée. Mais notre soif de live et de rencontre avec le public fait que on ne voudrais pas être seulement compositeurs en studio !
Le jeu vidéo au sens large, et la musique de jeu vidéo en particulier, ce sont des choses qui vous parlent ou vous êtes tombés dedans avec ce projet ?
Nathan (Fleur) : J’ai toujours été un grand geek, mon premier souvenir étant le premier Doom, auquel je jouais à 5 ans, en 1995 ! Je n’ai jamais arrêté de jouer depuis, plutôt sur PC ! La musique de jeu me parle donc beaucoup, j’ai des souvenirs indescriptibles de la musique de WoW par exemple : la première fois que je suis rentré dans Stormwind, la forêt d’Elwynn… J’en écoute encore les chansons en streaming ! Du coup, quand on m’a proposé ce projet, ça faisait beaucoup de sens pour moi, je n’ai pas hésité une seule seconde !
Clémence (Bleue) : Moi je ne dirais pas que j’ai toujours été une grande geek. Même si j’ai quand même joué énormément à des jeux de gestion, notamment dans mon adolescence avec évidemment les Sims, mais aussi Theme Hospital (les vieux comme moi auront la référence). Et surtout, j’ai fait énormément de jeux de danse et de jeux de musique, par exemple DJ HERO que j’ai énormément poncé !
Donc pour moi, le jeu vidéo est souvent lié à de la musique pop. Quand j’étais petite, en général quand je jouais à des jeux, j’écoutais pas forcément la musique du jeu vidéo car je passais mes playlists en jouant en même temps. Du coup, je trouve ça assez rigolo de retrouver des musiques pop dans Decarnation, un peu comme quand moi j’étais petite et où je les écoutais de mon côté.
Comme d'habitude, la dernière question est en forme de reco. Quels sont les compositeurs et les compositrices de musique de jeux vidéo qui vous inspirent ?
Nathan (Fleur) : Je ne sais pas si ça compte, mais la BO de jeux qui m’a bouleversé et que j’écouterai toujours, c’est celle de Bioshock. Tout le travail immersif et créatif d’utiliser des chansons connues et de les faire rentrer dans l’histoire et l’époque du jeu, en créant de nouvelles versions " rétro " (la version acapella du chef-d'œuvre des Beach Boys, "God only knows", ou la version accordéon de "Girls just wanna have fun" par exemple). Et tous les doubles sens qui émanent de l’association de l’histoire du jeu et des paroles des chansons, "Will the circle be unbroken" et celle qui m’a fait lâcher ma larme plus d’une fois… "You belong to me". Il me semble qu’on doit remercier Garry Schyman pour cette OST incroyable !
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