#3 // En mai, fais ce qu'il te play
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En mai, je n'ai pas fait ce qu'il me plaisait. C'est même plutôt l'inverse, en réalité. Je ne m'en cacherai pas : j'ai le moral dans les chaussettes. Mais le jeu vidéo, et surtout sa musique d'ailleurs, m'a permis de m'échapper d'une réalité faite de tartes dans la tronche.
Pardonnez cette intro qui sent bon le Skyblog des années 2000. Si cette newsletter est avant tout conçue pour vous partager la musique que j’aime, elle pourra occasionnellement servir de déversoir à purin pour mes rancœurs passagères.
Passons. J’imagine que tout le monde a eu un mois difficile. Les fans de musique électronique en premier lieu d’ailleurs. Le 19 mai dernier, on apprenait le décès de Vangelis, l’un des précurseurs du genre, qui s'est notamment fait connaître pour son travail sur Blade Runner.
Le compositeur des musiques du jeu éponyme, Frank Klepacki, a mis en ligne sur son site Internet les 22 titres qu'il a écrits pour Westwood Studios en 1997. Parmi eux, 4 pistes, 4 arrangements des thèmes originaux signés Vangelis. Une façon pour le musicien de rendre hommage à l'une de ses idoles, et pour nous de (re)découvrir le travail de quelqu'un qui a été profondément influencé par l’œuvre d'Evangelos Odessey Papathanassiou.
Les meilleures OST de mai 2022
Temp Zero - Yut
Disponible sur PC
Je n’avais jamais entendu parler de Temp Zero avant que mon comparse aGa ne me glisse sous le nez sa formidable OST. Visuellement minimaliste, le jeu développé en France se décrit comme un bullet hell musical incorporant des éléments de rogue like qui rendent la progression plus gratifiante.
Mais là où d’autres représentants du genre n’hésitent pas à piocher un peu machinalement dans une synthwave éculée, Yut (le pseudonyme de Paul Hebbinckuys) produit un 10-titres varié, davantage emprunt d’EDM que des incontournables rythmes eighties auxquels j’ai de plus en plus de mal à goûter.
Malgré les ambitions somme toute assez modestes du jeu, la bande-son joue avec nos attentes et sait varier les BPM comme dans le remuant Infinity présenté ci-dessus, ou encore l'incontournable Pulsar que j'ai failli lui préférer. L'une des plus belles surprises vidéo-musicales (si, si, ça existe) du mois — je triche, c'est sorti fin avril.
Écoutez la bande-son en intégralité sur la plate-forme de votre choix.
Citizen Sleeper - Amos Roddy
Disponible sur PC, Xbox et Switch
Sans rire, Citizen Sleeper a probablement été l'un des jeux que j'ai le plus attendus en ce début d'année. Mais, si je dois être parfaitement honnête, c'est moins pour sa promesse de gameplay (très — trop, pour moi — inspirée du jeu de rôle papier) que pour sa bande-son écrite par Amos Roddy.
Le compositeur basé à Portland m’a régulièrement soufflé dans sa carrière (Kingdom, Kingdom Two Crowns, The Wild at Heart), mais jamais autant qu'avec Citizen Sleeper. L'album de 23 pistes se déguste comme un formidable précis d'electronica et d'IDM. Au point que l'on se plait à identifier les références (parfois évidentes) du compositeur. Là ! Du Boards of Canada. Ici, une pincée de Tycho.
Je suis éreinté de la perfection de cette bande originale. Même si j'adhère moins que prévu au jeu dont elle est issue, elle m’embarque dans un voyage spatial insoupçonné. Déjà élu album que j’ai le plus écouté de l’année, Citzen Sleeper s'avance sans peine comme prétendant au titre de Bande Originale de 2022 à mes oreilles.
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Trek To Yomi - Cody Matthew Johnson, Yoko Honda
Disponible sur PC, PlayStation, Xbox
Vous l’aurez lu ici en premier : Trek To Yomi restera peut-être le dernier jeu dont j'écrirais un test pour un média professionnel. Le hasard a malheureusement fait que le cru ne soit pas tout à fait mémorable, côté gameplay.
Pour ce qui est de la mise en scène, en revanche, le jeu très inspiré des films de sabres des années 60 sait y faire. Avec sa robe noire et blanche divine et sa science de la cinématographie, le jeu profite d’une bande originale absolument massive (on parle de plus de 3 heures de musique) qui donne le ton.
Au point qu’elle en devient assez difficile à apprécier hors-jeu, soyons honnêtes. Cody Matthew Johnson, plutôt habitué aux guitares électriques accordées très bas (il a composé un titre pour Devil May Cry 5), livre ici une prestation tout en textures vaporeuses venant appuyer les moments les plus fantastiques du jeu.
Yoko Honda est quant à elle une compositrice japonaise de renom, et directrice musicale avec ça. Elle apporte énormément aux morceaux sur lesquels elle est directement créditée, notamment par l’usage d’instruments typiques de la période Edo comme le koto ou les taikos. Une courte vidéo très instructive nous détaille d'ailleurs le processus créatif des deux partenaires.
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Songs of Conquest - Reynir Helgason
Disponible en accès anticipé sur PC
Je n’ai jamais été trop porté sur les jeux de stratégie. Mais la joie des amateur·ices du genre à l’approche de la sortie de Songs of Conquest est si communicative que je ne pouvais rester sourd à sa bande originale.
Songs of Conquest tire son inspiration première de la saga des Heroes of Might and Magic. Une série de jeux de stratégie au tour par tour qui, comme son nom l'indique, est fortement ancrée dans la medieval fantasy.
Pour satisfaire au modèle des Suèdois de Lavapotion, Reynir Helgason signe une BO peut-être moins intense qu’ont pu l’être celles composées, historiquement, par Paul Romero. Reste que le compositeur donne le change, et parvient à insuffler un souffle tantôt épique, tantôt dramatique aux scènes du jeu grâce à une utilisation toujours juste des cors et autres cuivres.
Écoutez la bande-son en intégralité sur YouTube.
Soundfall - meganeko
Disponible sur PC, PlayStation, Xbox et Switch
Surprise « shadow-dropée » du dernier Nintendo Indie World, Soundfall est un twin-stick shooter musical dans lequel notre personnage Melody (c'est original) ne peut tirer que sur les temps forts de la musique en cours de lecture.
Un gameplay qui rappelle — forcément — Crypt of the Necrodancer mais qui, c'est (vraiment) original, permet aux joueurs·euses PC d'importer leur propre musique si jamais le répertoire du jeu déplaît.
Moi, en l’occurrence, je n’ai rien contre. Outre le score (que l'on entend que dans les menus) signé Jens Kiilstofte, la bande-son contient plus de 115 morceaux de genres variés (hard rock, dub, hyperpop, funk), dont une poignée a été composée pour la sortie du jeu.
C’est le cas de ce Violent Purple, attribué au DJ suédois meganeko. Très influencé par la scène dubstep et l’ancrage inévitable du métal dans son pays, l’artiste nous offre une track survitaminée, ponctuée juste ce qu'il faut de quelques notes de guitare dropée en guise de chef’s kiss.
Écoutez la bande-son (score uniquement) en intégralité sur la plateforme de votre choix.
Umurangi Generation - Adolf "ThorHighHeels" Nomura
Disponible sur PC, Xbox et Switch
Sorti de façon assez confidentielle en 2020 sur PC, le jeu de photographie post-apo Umurangi Generation se paie un joli regain de hype grâce à son arrivée dans le Game Pass. L'occasion pour moi de jeter une oreille à sa bande-son et, mazette, quelle tuerie !
Composée par le vidéaste néérlandais ThorHighHeels qui adopte ici le pseudonyme d'Adolf Nomura, elle panache des pistes atmosphériques qui posent l'ambiance et d'absolus bangers breakbeat comme celui-ci, qui donnent juste envie de les écouter en boucle.
Riche de 133 morceaux si l’on compte ceux issus du DLC Macro, l'OST d’Umurangi Generation trône d'après moi aux côtés de celles de Paradise Killer et VA11 HALL-A au panthéon des musiques électroniques appliquées au jeu vidéo.
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V Rising - Aleksandria Migova
Disponible en accès anticipé sur PC
Vous n’avez pas pu passer à côté du « nouveau Valheim ». Signe que les vampires se portent mieux que jamais (on en reparle plus bas), V Rising mélange des mécaniques de survie à celles du hack n' slash pour un résultat percutant et ô combien engageant pour quiconque a le malheur d'y tremper un orteil.
Pour donner du corps à son univers, Stunlock a eu l’excellente idée de se payer les services d’Aleksandria Migova, déjà à l’œuvre sur Source of Madness et Battlerite.
La compositrice d’origine russe livre ici une partition déployant à merveille les codes de la musique nordique, et y ajoute le ferment romantique qui donne sa touche vampirique à l’ensemble.
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Vampire : The Masquerade - Swansong - Olivier Derivière
Disponible sur PC, PlayStation et Xbox
Quand je vous disais que les vampires avaient le vent en poupe. On change toutefois radicalement d’ambiance ici. Direction le Monde des ténèbres, le célèbre univers de fantasy dans lequel s’intègrent les jeux (vidéo et de plateau) Vampire : The Masquerade.
Dans Swansong, on incarne trois personnages issus de clans rivaux qui, dans cette Boston alternative, jouent au jeu des trônes pour assoir la domination de leur faction. Un jeu d'enquêtes double A visiblement plutôt réussi, et qui mérite notamment qu'on s'y intéresse pour le compositeur qui lui offre sa B.O : Olivier Derivière.
Prolifique (on l’a déjà entendu cette année sur Dying Light 2), le Français propose ici un 12-titres bigarré, qui démarre d'ailleurs sur les chapeaux de roue avec The Night Has Come ; tube rock en puissance, qui n'est pas tout à fait représentatif du reste de l'album.
Conscient que Swansong est un jeu bavard, Derivière déploie ici une variété de titres d'ambiance aux tonalités hétérogènes ; prospectant aussi bien dans le jazz noir (The Snake) que dans le terreau fertile du lo-fi (Everybody Hurts).
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Old World - Christopher Tin
Disponible sur PC
Je filoute, une nouvelle fois. Techniquement parlant, Old World est disponible depuis presque un an sur Epic Games Store. Mais son arrivée sur Steam et GOG en mai l'a remis sous mon radar et m'a encouragé à écouter son OST. Quelle excellente idée.
Oui car, si je n’ai pas d’attrait particulier pour les jeux de stratégie et les 4X, j’ai toujours profondément aimé leurs bandes originales. J’en tiens pour preuve le tout récent Humankind, qui brille au moins autant pour ses mécaniques de jeu accessibles que pour son OST signée Arnaud Roy.
Mais ici, la majesté des morceaux proposés revient à Christopher Tin. Une sommité, puisqu’on lui doit rien de moins que l’inoubliable Baba Yetu, le thème principal de Civilization IV. Et quand on sait qu’Old World est réalisé par Soren Johnson, lead designer sur le jeu, on se dit que le monde est tout de même bien fait.
Bien occupé par le cinéma ces dernières années, Christopher Tin déploie sur cette B.O un répertoire impressionnant d’érudition. Chaque thème étant lié à l’une des civilisations jouables, le chef d’orchestre fait intervenir des instruments très particulier sur chacun d’eux (ici un hautbois zurna) et leur donne ainsi une couleur toute particulière.
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Hardspace Shipbreaker - Jono Grant, Traz Damji et Philip J. Bennett
Disponible sur PC
Le monde du jeu PC est peuplé d’une faune étrange, acceptant sans ciller de passer son temps libre à exercer une autre profession dans un jeu qui ne leur rapportera pas un rond. Paradoxalement, ce sont les mêmes qui s’égosillent, poing levé, à chaque annonce de jeu play-to-earn. Allez comprendre.
Du reste, Hardspace Shipbreaker vient de conclure son accès anticipé, et arrive dans une version finale impeccable dans le Game Pass. Vous voyez Top Chef ? Bah c'est pareil. Sauf qu'à la place d'un filet de lieu noir cuit en vessie, là vous désossez de gigantesques vaisseaux spatiaux pour en vendre les pièces et gagner votre croûte. Du travail, vous disais-je.
Mais l’une des grandes forces du jeu de Blackbird Interactive, outre son côté parfaitement addictif et satisfaisant, c’est sa bande-son composée en quasi-totalité de morceaux americana. Pour l’écrire autrement : Red Dead Redemption dans l'espace. Le Space Cowboy prophétisé par Jamiroquai il y a de ça 28 ans.
On doit cette fameuse idée au trio composé de Jono Grant, Traz Damji et Philip J. Bennett, aidés dans leur tâche par le directeur audio du studio, Ben McCullough, qui s’est d’ailleurs amusé à remixer toute l’OST façon synthwave et ça fonctionne : très bien.
Écoutez la bande-son en intégralité sur YouTube.
L'actualité du vinyle
Une nouvelle fois, les amateur·ices de musique pressée sur vinyle n'ont plus su où donner de la tête en ce mois de mai. La machine s'emballe et l'industrie nous gâte — autant qu'elle cherche à nous traire, faibles d'esprit que nous sommes.
La nouvelle la plus importante est peut-être celle de l'arrivée, en Europe, de la compilation regroupant 18 titres de l'ami KK Laglisse, fier exhibitionniste de son état dans Animal Crossing : New Horizons. Le disque est désormais disponible en préco chez Black Screen Records (65€ + 9€ de livraison), tout comme l'intégrale de l'OST du jeu en 5 CD pour 99€ (+9,5€ de livrason).
Devolver muscle son jeu du côté de la distribution de bande originales. Ce mois-ci, nous pouvons notamment mettre la main sur l'épaisse OST de Trek to Yomi et celle de Loop Hero (38,81€ chacune, en comptant la livraison).
Hardspace Shipbreaker, qui conclue d'ailleurs la sélection mensuelle, aura droit à un pressage en vinyle. Vendu en exclusivité par Focus, le disque est déjà en rupture, mais une liste d'attente a été mise en place pour de futurs exemplaires.
Autre jeu évoqué dans la sélection : Heroes of Might and Magic III et sa bande originale composée par Paul Romero et Rob King se présentent chez Game Music dans une superbe édition 2 x LP 180 grammes. Un bel objet, dont la livraison est prévue en fin d'année pour 49€ (+20€ de livraison).
Entre autres sorties notables, on retiendra aussi le repressage de l'OST de World of Goo, de God of War et de Zeldawave.
Les mélomanes à la recherche d'une petite douceur sucrée à se glisser dans l'oreille peuvent également précommander la bande originale du ravissant A Monster's Expedition. Attention : les livraisons ne commenceront pas avant mars de l'année prochaine.
Plus remuant mais non moins coloré, la très bonne B.O de Art of Rally par Tatreal aura aussi droit à son pressage en deux sublimes éditions. À retrouver chez Mana Wave ou Serenity Forge pour un peu plus de 40€ avec les frais de port.
Enfin, celles et ceux qui ont les poches les plus profondes peuvent jeter leur dévolu sur la compilation orchestrale anniversaire des 35 ans de la saga Final Fantasy. Un double LP protégé par une pochette illustrée par Yoshitaka Amano lui-même, qui vous coûtera la bagatelle de 70€ en import depuis CD Japan.
À noter qu'il est fort probable que le disque finisse par arriver sur la boutique officielle de Square Enix, ce qui permettra d'économiser quelques euros sur la livraison.
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On se retrouve le mois prochain dans votre boîte mail pour plus de musique de jeux vidéo ! ✨